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Présentation

  • : Les Échinides fossiles du Kimméridgien de Charente-Maritime
  • : Bienvenue sur ce site web qui se propose de vous présenter les différents fossiles présents dans les niveaux Kimmeridgiens de Charente-Maritime. Bonne visite.
  • Contact

Association DINOLÉRON

1.jpg(cliquez sur l'image)

Association pour la promotion de la paléontologie

sur l'île d'Oléron !

paléontologie 17

Installé 49 Avenue Proudhon, le club de paléontologie de La Rochelle regroupe les passionnés et collectionneurs de fossiles locaux. Association née en 1983, ce club se compose de membres actifs et soucieux de partager leur passion.

Des réunions sont organisées le mercredi soir, toutes les trois semaines afin de prévoir les sorties sur le terrain dans le but de collecter les fossiles de la région Centre-Ouest. Au programme :

- analyse et détermination des noms scientifiques des specimens récoltés

- Préparation d'articles, de publications et de conférences en relation avec des scientifiques

- Echange d'échantillons en vue de collections systématiques

Comment contacter le club ?

aurelien.morhain@club-internet.fr

Événement !

fossiles-16.jpg

Retrouvez-nous dans le prochain numéro de la revue Fossiles

(Fossiles n°16)

Un article sur le Kimméridgien inférieur terminal (sous-zone à Chatelaillonensis)

de

Charente-Maritime

26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 22:05
  Le site des échinodermes fossiles du Kimméridgien
de Charente-Maritime  
et
de l'actualité paléontologique en Charentes
vous souhaite la bienvenue
Kimméridgien17 va bientôt fermer ses portes.
Mais..... Pour mieux renaitre ailleurs !
Suivez-nous sur notre nouveau site-web !
site-web-ouest-paleo.jpg
Plus moderne, plus pratique, plus complet aussi !
Vous y trouverez, nous en sommes sûr, tout ce que vous cherchez sur la paléontologie des Charentes.

  
Dernière mise à jour de ce site web le : 11/09/2013
contact administrateur : aurelien.morhain@club-internet.fr

Site web optimisé pour un affichage en 1600x900 pixels

participation.jpg
 

 

 



 

Info : de nombreux albums-photos ont été inclus sur la page des articles desquels ils dépendent. Pour les retrouver, rendez-vous sur la page des articles concernés. Merci.

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 11:00

 

ActuKimméridgien17
Le portail de la paléontologie
en
Charente et Charente-Maritime



  
     Cette partie du site regroupe quantité d'informations intéressantes sur la Paléontologie : présentation de sites web, de fossiles, de lieux de fouille, de matériel, de musées, de découvertes d'intérêt...  Ces articles portent majoritairement sur la région Poitou-Charentes mais pas seulement. Cette section du site est donc vouée à évoluer régulièrement par l'ajout de nouveaux articles.  
 


Bonne lecture

 

Sommaire

 

 

2 - Reportage :  Répartition et évolution du genre Orthaspidoceras dans le Kimméridgien supérieur nord-aquitain (17)

5 - Présentation : Gymnocidaris lestockii du Kimméridgien supérieur de Charente (16)

10 - Visite : La collection de Jean Jacques Nicard (17)

11 - Reportage : La théorie de l'évolution : une vérité qui dérange 

12 - Site de fouille : La faune bajocienne de la région de Jaulny (54)

16 - Découverte : Association ammonite/poisson du Kimméridgien inférieur charentais (17)

19 - Reportage : Le gisement berriasien de Cherves-Richemont (16)

20 - Site de fouille : Le gisement de Loupain (34)   

21 - Visite : Le musée "Dinosauria" à Espéraza (34)

22 - Découverte : Proheterodontus sp. du Kimméridgien inférieur de la falaise de la Pointe du Chay (17)

23 - Site de fouille : Le Coniacien charentais : la carrière de Saint-Porchaire (17)  

24 - Découverte : Arcantiodelphys marchandi du Cénomanien  charentais (17)

26 - Découverte : Planohybodus sp. du Kimméridgien supérieur d'Yves (17)

27 - Découverte :   Deux dents de ptérosaurides du Kimméridgien inférieur de Charente-Maritime (17)

29 - Site de fouille : Un gisement du Marinésien de l'Oise (3 parties) (60)

30 - Reportage : Documentaires sur la paléontologie et le monde océanique (3 parties)

31 - Reportage : Des restes de chéloniens dans le Jurassique supérieur de l'île d'Oléron (2 parties) (17)

32 - Reportage : Des restes de crocodiliens dans le Jurassique supérieur de l'île d'oléron (17)

33 - Reportage : Une empreinte fossile de Lapparentichnus oleronensis, dans le Tithonien de l'île d'Oléron (17)

36 - Visite : Exposition "Ammonites, traces de vie, chefs-d'oeuvre du temps" à l'aquarium de La Rochelle (17)

37 - Reportage :  Redécouverte d'un squelette sub-complet de Ptérodactyle dans les réserves du MHN de La Rochelle (17)

38 - Reportage : Carentonosaurus mineaui du Cénomanien supérieur des Charentes. (16, 17).

39 - Reportage : Enigmaeshna deprei du Cénomanien basal de Charente-Maritime (17)

41 - Visite : La cave aux coquillages : une mise en valeur remarquable du patrimoine géologique du Lutétien moyen de Fleury-la-Rivière (51) (3 Parties)

43 - Visite : Exposition au MNHN de Paris : "Dinosaure, la vie en grand" (75) 


 

 

 


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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 10:16

 

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 Arcantiodelphys marchandi  du Cénomanien d'Archingeay (17) 

_____________________________

 

      Poursuivant l’inventaire des découvertes paléontologiques faites dans les départements de Charente et de Charente-Maritime, nous rapportons ici la découverte d’une dent de marsupial primitif. Les restes de ce mammifère ont été extraits des sables  cénomaniens d'Archingeay-les Nouillers (17).

 

 

Situation géographique. 


 

archingeay

 

     La découverte a eu lieu dans la carrière de Font-de-Benon, sur la commune d’Archingeay-Les Nouillers en Charente-Maritime, (à 15 kilomètres au sud-ouest de Saint-Jean d’Angély). Cette carrière permet l’étude de dépôts sédimentaires datant du  Crétacé inférieur (de l’Albien supérieur au Cénomanien inférieur). Le matériel étudié ici provient des sédiments cénomaniens de cette carrière décidemment très riche en fossiles : rappelons que les niveaux albiens ont déjà permis la mise au jour de nombreux fossiles parmi lesquels des insectes et restes de reptiles terrestres préservés dans de l’ambre mais aussi de splendides restes de végétaux. (Pour plus de détails, cliquez sur le lien suivant : L'ambre crétacé des Charentes)

 

Retrouvez ci-après nos articles liés à celui-ci :

L'ambre albo-cénomanien des Charentes

Enigmaeshna deprei du Cénomanien charentais

Carentonosaurus mineaui du Cénomanien charentais

Le synchrotron de Grenoble : la haute technologie au service de la paléontologie

 

 

Détails de cette découverte.

 

 

      C’est grâce aux campagnes de fouilles organisées sous l’égide de Géosciences Rennes, du CNRS et du MNHN que 4 dents millimétriques (dont une molaire supérieure) partiellement conservées, ont été mises au jour dans ces sédiments cénomaniens, (99 millions d’années). Leur découverte a nécessité le tamisage de 5 tonnes de sédiments ! Ces dents de très petite taille (environs 2mm), ont été attribuées à une espèce primitive de marsupial dénommée Arcantiodelphys marchandi, baptisée ainsi en hommage au village d'Archingeay d'une part (le fondateur de ce hameau était un romain du nom de Arcantius), et de la famille Marchand d'autre part, qui exploite cette carrière. Les spécialistes supposent que l’animal ne devait pas dépasser les 10 centimètres de long. Arcantiodelphys marchandi est ainsi le plus ancien mammifère de type moderne trouvé en Europe.

 

 

arcantiodelphysMolaire supérieure d'Arcantiodelphys marchandi du Cénomanien de Charente-Maritime

(copyright : MNHN & CNRS-Rennes I)


      Les restes de ce petit animal représentent une grande découverte puisqu’ils permettent de combler une lacune d’observation constatée au Crétacé moyen pour tous les êtres vivants (-125 à -84 millions d'années). Cette découverte permet aussi de  reconstituer les chemins migratoires supposés de ces animaux : on estime aujourd’hui que la disposition des continents, à cette époque lointaine, a sans doute permis à ces mammifères de coloniser l'Europe et l'Amérique du Nord à partir d’une souche unique dont le point de départ serait l'Asie. La découverte d'Arcanthiodelphys marchandi permet cependant de supposer un passage direct entre l'Asie et l'Europe, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'ici.  

 


Retrouvez ci-après le texte intégral relatant cette découverte :

Archantiodelphys.pdf 

 

Le site web de la revue PNAS : 

P.N.A.S. 

 

Un résumé vulgarisé de l'article proposé par le MNHN :

Arcantiodelphys MNHN article 

 

 


Kimmeridgien17


 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 10:14

 

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   Une Orthaspidoceras du Kimméridgien de  Charente-Maritime met en évidence la prédation des hybodontiformes sur les ammonites

_____________________________


  orthaspido.jpgOrthaspidoceras lallierianum, Kimméridgien supérieur, falaise du Rocher, Charente-Maritime, diam. 118 mm, Coll. Vaubourg. 

 

Il y a quelques mois nous vous rapportions l’étude d’un fragment d’ammonite (Rasenioides - Aulacostephanidae) découvert dans le Kimmeridgien inférieur de Charente-Maritime, renfermant les restes d’un poisson, (pour plus d’informations, cliquer ici :  Macrosemiidae du Jurassique charentais). Aujourd’hui, nous vous présentons un fossile similaire, découvert récemment. Il s’agit là encore d’une ammonite (Orthaspidoceras lallierianum) du Kimmeridgien supérieur de Charente-Maritime, sur laquelle ont été découvertes des dents de requin et des traces de morsures. Cette fois-ci, l’ammonite étudiée a vraisemblablement été la proie d’un requin ! Et c’est une première si l’on en croit R. Vullo (Univ. Rennes 1), l’auteur de cet article : "  pour la  première fois  nous avons un lien direct entre le prédateur et sa proie. Nous pouvons même donner un nom au prédateur, qui est un requin hybodont appelé Planohybodus ". C’est  donc une découverte d’importance puisqu’il s’agit du seul fossile de ce type connu.  

 

L’ammonite :

 

orthaspidoceras1Orthaspidoceras lallierianum, Kimméridgien supérieur, falaise du Rocher, Charente-Maritime, diam. 118 mm, Coll. Vaubourg.   

 

Il s’agit d’Orthaspidoceras lallierianum, une espèce très commune dans le Kimméridgien supérieur d’Europe occidentale. Ce spécimen apriori juvénile (118 mm de diamètre), a été découvert au sein des calcaires argileux gris de la falaise du Rocher sur la commune d’Yves en Charente-Maritime par un collectionneur local, (collection Vaubourg). (Pour plus d’informations sur cette falaise, cliquer ici : Les sous-zones à Lallierianum/orthocera). Il s’agit plus exactement d’un moule interne (la coquille de l’animal est absente), relativement bien conservé qui permet d’observer les sutures de la coquille disparue. L’article de R. Vullo met en évidence des traces de morsures à la surface de l’ammonite : à ces endroits, l’ornementation caractéristique qu’a laissée la coquille est manquante et on peut observer de petits trous de forme globalement allongée. Ce type de blessure a déjà été relevé sur de nombreux spécimens d’ammonites de par le monde. L’originalité de la présente découverte réside dans le fait que cette coquille a conservé plusieurs dents - (une seule est présente sur les illustrations de cette page car le découvreur de l’ammonite en a retiré deux lors de la préparation du spécimen) - de son prédateur, fichées dans sa coquille protectrice. Cette Orthaspidoceras a donc  vraisemblablement échappé à son prédateur qui ne l’a pas dévorée. Ce qu’on ignore en revanche, c’est si cette ammonite a vécu ainsi après cette prédation ou si  sa mort a été rapide après l’attaque. Nous penchons fortement pour la seconde hypothèse.  On peut supposer que ces ammonites, très nombreuses à l’époque, si l’on en juge par le nombre élevé d’échantillons fossiles retrouvés, devaient représenter une source importante de nourriture pour de nombreux prédateurs. 

 

 

Le requin :

 

hybodotiforme.jpgPlanohybodus : reconstitution présumée du requin Planohybodus

 

Il s’agit du genre Planohybodus, un genre bien connu des paléontologues : celui-ci est présent dans de nombreux gisements du Jurassique français et étranger.  Ce genre, (qui pouvait atteindre un peu plus de 2 mètres de long),  a occupé les mers et océans du globe durant 200 millions d’années avant de disparaitre voilà 65 millions d’années à la fin du Crétacé. Plus généralement, les hibodontiformes étaient très répandus au Jurassique et on les rencontrait aussi bien dans le milieu marin qu'en eau douce. Ils se caractérisaient par l’adoption d’une double mâchoire primitive très puissante leur permettant de broyer par exemple, les carapaces et autres coquilles de certains animaux, tels les mollusques ou les arthropodes, (régime alimentaire durophage). La seule dent encore présente sur l’Orthaspidoceras lallierianum étudiée ici  se caractérise par une grande cuspide principale flanquée de deux cuspides latérales plus petites. C’est une dent courte à la morphologie plutôt robuste.  Planohybodus devait donc être un prédateur très actif sur les fonds marins de l’Aunis durant la sous-zone à Lallierianum du Kimméridgien supérieur.  L’article confirme les suppositions faites par d’autres paléontologues ayant travaillé sur les traces présumées de prédations de calmars (voir article in revue Fossiles n°2 ; 2010), observées sur de nombreux spécimens d’ammonites fossiles : l’attaque venait depuis le haut et se focalisait sur la partie arrière de la coquille, où l’animal ne pouvait se défendre, ni voir son prédateur arriver.   


 

Consultez l’article complet sur cette découverte ici : Cliquez ici

 


Kimmeridgien17

 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 10:13

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Deux dents de ptérosaurides

découvertes

dans le Kimméridgien inférieur

de  Charente-Maritime

______________________

 

 

     Nous nous proposons aujourd’hui de vous faire part de la découverte de deux dents de reptiles volants, mises au jour dans des calcaires et des marnes du Kimméridgien inférieur de la région de La Rochelle en Charente-Maritime. Les restes de vertébrés fossiles ne sont pas rares dans les sédiments du Jurassique supérieur local, mais ils n’avaient jusqu’ici jamais livrés de restes de vertébrés étrangers au milieu marin. C’est une première, et c’est d’autant plus intéressant qu’il s’agit de restes d’animaux volants. Car si des fossiles de ptérosaures (bien plus complets) ont été recensés dans le reste de l’Europe au Jurassique supérieur, en France en revanche, ceux-ci sont très rares.

 

 

Le matériel découvert

 

     Il s’agit donc de deux dents à La morphologie relativement similaire : dents effilées, comprimées et profilées, recourbées vers l’arrière avec arrête tranchante sur chaque face. Leur morphologie particulière permet de les classer dans le groupe des reptiles volants. Si l’on en croit R.Vullo, auteur d'un l'article scientifique sur ces découvertes, ces dents appartenaient vraisemblablement à deux individus de la même espèce. Ci-après, une photographie de l'une de ces deux dents. 

 

ptero chatel 2Dent de ptérosaure indet., Kimméridgien inférieur de Chatelaillon, (biozone à Cymodoce, sous-zone à Chatelaillonensis), 23 mm. Photographie R.Vullo.


     Ces dents sont issues de deux localités géographiquement voisines : la première, qui mesure 19 mm de long, est issue des calcaires coralliens de la Pointe du Chay, (biozone à Cymodoce ; sous-zone à Achilles), sur la commune d’Angoulins/mer ; la seconde est issue des marnes et argiles, (lors de travaux de construction) sur la commune de Châtelaillon-plage, (biozone à Cymodoce ; sous-zone à Chatelaillonensis) et mesure 23 mm. Ces dents ont donc approximativement 143 millions d’années, mais il est intéressant de noter qu’un intervalle de temps important sépare ces deux restes, suggérant que l’espèce à laquelle ils appartenaient a vécu durant une bonne partie de la seconde moitié du Kimméridgien inférieur en Aunis !

 

pteros-1.jpgSchéma présentant les deux grands sous-ordres de ptérosaurides :

1- Rhamphorhyncoidae ; 2- Pterodactyloidae


     Il reste en revanche difficile, vu l’état fragmentaire de ces restes, de les attribuer à une espèce en particulier. La détermination est d’autant plus difficile que l’ordre des Pterosauria regroupe deux familles qui coexistaient au Jurassique supérieur : les Rhamphorhyncoidae (surtout  présents au Jurassique) et les Pterodactyloidae (depuis le Jurassique supérieur, jusqu’à la fin du Crétacé). La première regroupe des espèces possédant un bec et un cou très court, des dents pointues et surtout une longue queue. A l’inverse, la seconde famille posséde une tête et un cou très allongé, et ne posséde pas de queue, (cf. figure ci-dessus). 


 

Paléogéographie et paléoécologie

 

     Durant la seconde moitié du Kimméridgien inférieur nord-aquitain, la région rochelaise était occupée par un océan dont le niveau eustatique connait de nombreuses variations (cf schémas en introduction de ce site web : cliquez ici). Globalement, l’environnement marin à cette époque reculée, se caractérisait par des eaux claires et chaudes, relativement proximales, enserrées entre plusieurs terres, constituées par les massifs vendéen, central, pyrénéen et armoricain.


     Ces conditions environnementales devaient alors décrire des milieux de vie favorable aux reptiles volants, pour lesquels ces eaux peu profondes représentaient d’excellents sites de prédation.  On suppose que ces animaux se nourrissaient essentiellement de poissons qu’ils harponnaient en vol, en chassant en rase-motte au-dessus des flots. Certaines théories avancent également la possibilité d’un régime alimentaire opportuniste charognard : on suppose alors qu’ils repéraient des animaux morts depuis le ciel. Des découvertes récentes nous permettent aujourd’hui d’affirmer que ces animaux avaient adopté un mode de reproduction ovipare et qu’ils se déplaçaient au sol à quatre pattes. Cependant beaucoup de questions restent en suspend à leur sujet : étaient-ils à sang froid ou à sang chaud ? Etaient-ils capable de voler véritablement tels des oiseaux, ou étaient-ils limités au vol plané ? Pouvaient-ils parcourir de longues distances en vol ?

 



Pour aller plus loin

 

- Nous vous invitons à lire ce court article de Nicole et Jean Sol qui fait le point sur les découvertes du gisement jurassique de Crayssac dans le Lot, paru dans la revue Minéraux et Fossiles n°268 en 1998 : cliquez ici

 

- Nous vous invitons à visiter cette page web, riche en informations sur le sujet : cliquez-ici. 

 

- Nous vous conseillons également de visionner ce très beau reportage sur les ptérosaures, diffusé par France5 et réalisé par le National Geographic, (reportage en 5 parties) : cliquez ici.

 

- Nous vous invitons à visiter la page web du futur musée de Crayssac : cliquez ici

 

- Un lien vers une vidéo montrant le mode de décolage présumé des ptérosaurides : cliquez ici 

 

 

 

Kimméridgien17

 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 09:55

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Redécouverte

d'un squelette sub-complet

de Ptérodactyle

dans les réserves du MHN de La Rochelle

 

 

  _______________


 

Avant-propos : 

 

          Nous nous proposons ici non pas de vous faire part d’une découverte mais plutôt d’une redécouverte, faite par les conservateurs du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle. Il s’agit d’un spécimen fossile de Ptérodactyle sub-complet, provenant très certainement du gisement jurassique mondialement connu de Solnhofen en Allemagne (Bavière). Un article récent, publié dans les Annales de Paléontologie, fait le point sur la redécouverte de ce spécimen fossile important et tente de comprendre comment celui-ci a pu progressivement tomber dans l’oubli des réserves du MHNLR.

 

Mots-clés : Konservat-Lagerstätten, Solnhofen, Jurassique supérieur, Pterodactylus, MHN de La Rochelle.


 

Retrouvez ci-dessous les articles liés à celui-ci :

Le Museum d'Histoire Naturelle de La Rochelle

Hommage à Alcide D'Orbigny

Hommage à Louis Benjamin Fleuriau

Hommage à Charles-Édouard Beltrémieux 


 

Introduction :

 

          Depuis plusieurs mois déjà, la salle de paléontologie et de géologie du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle restait fermée au public dans le but de la réaménager : les derniers travaux de restauration entrepris ces dernières années, avaient abouti à l’élaboration d’une exposition permanente d’échantillons fossiles males éclairés et peu nombreux, dans le sous-sol voûté du muséum. Ces derniers mois, un petit groupe de spécialistes a donc décidé de fermer cette salle, de la réorganiser et de procéder à un inventaire exhaustif des collections de paléontologie de cette institution. Un chantier de longue haleine qui s’est achevé il y a quelques semaines maintenant et qui permet de découvrir à nouveau cette salle dont la qualité de présentation et le nombre d’échantillons fossiles ont beaucoup progressé.


 

Le Pterodactylus sp. du MHNLR.

 

ptero LRPhotographie sous lumière UV de Pterodactylus sp. conservé au MHNLR.

Illustration extraite de Vullo R., Heil J-F. et Durand M., intitulé « On an 19th Century Pterodactylus (Pterosauria) specimen held in the Natural History Museum of La Rochelle, France »

 

          C’est lors de l’inventaire des collections que fut redécouvert le fossile que nous allons vous présenter. Il s’agit d’un squelette sub-complet appartenant au genre Pterodactylus (Cuvier 1809), provenant très certainement du Konservat-Lagerstätten du Jurassique supérieur de Solnhofen en Allemagne. La découverte est d’importance puisque les fossiles de ptérosaures mis au jour à  Solnhofen sont très rares (une trentaine de spécimens sont connus) et très peu de fossiles authentiques peuvent être observés dans les différents musées et muséums de France.

 

           Le spécimen, long d’une centaine de millimètres (taille inhabituellement grande pour ce genre), présentant sa face latérale gauche, est partiellement conservé sur une dalle de calcaire lithographique, en position opisthotonique*. Plusieurs parties du squelette sont manquantes, telles que : certaines sections du bec et des dents, des os de la boîte crânienne ou encore des portions d’os des ailes et des pates. Cependant l’étude de ces lacunes anatomiques est rendue possible grâce aux empreintes très nettes que les os ont laissées dans le calcaire. Les spécialistes qui ont examiné le fossile ont  également reconnu une anomalie dans l’anatomie de ce ptérodactyle : l’un des tibias de l’animal présente une courbure inhabituelle en son milieu, qui laisse supposer une consolidation de cet os consécutive à une blessure ou une fracture.

 

          Pour l’heure, l’espèce à laquelle appartient ce spécimen n’a pas encore été déterminée avec certitude : il pourrait s’agir de Pterodactylus antiquus ou Pterodactylus Kochii, si l’on en croit Vullo R., Heil J-F. et Durand M, les auteurs de l’article.

 

Kimmeridgien Solnhoffen Pterodactylus antiquus SömmerringPterodactylus sp. du Kimméridgien de Solnhofen, All., conservé au MHNLR.


Kimmeridgien Solnhoffen Pterodactylus antiquus Sö-copie-1Pterodactylus sp. du Kimméridgien de Solnhofen, All., conservé au MHNLR.

 

Pourquoi et comment ce fossile a-t-il disparu des collections permanentes du MHNLR ?

 

          Ce spécimen fossile, qui ne portait pas (ou plus) d’étiquette lors de sa redécouverte, semble avoir été acquis durant la seconde moitié du XIXe siècle par le MHNLR auprès d’un marchand de fossiles. Afin de déterminer la provenance de ce spécimen, les auteurs ont dû accomplir un gros travail de recherches dans les archives de la Société des Sciences Naturelles de Charente-Maritime. Selon une note de Paul Cassagneaud - conservateur des collections du MHNLR de 1831 à 1895 et instigateur de la salle de géologie et de paléontologie du muséum en 1872 - datée de 1885, ce ptérodactyle aurait été acheté à monsieur Félix Pisani (1831-1920), un chimiste et minéralogiste français, reconverti dans la vente de fossiles et de minéraux dans les années 1870. 

 

          On ne trouve  malheureusement aucune trace de celui-ci avant cette date et aucune information ne subsiste de son achat. De plus, rien ne prouve que le ptérodactyle que mentionne Cassagneaud soit celui qui nous intéresse présentement ; nous ne pouvons que fortement le supposer. Les archives révèlent aussi que ce spécimen a été retiré des collections permanentes du muséum au cours du siècle dernier (troubles de la deuxième guerre mondiale ?) et qu’à partir de cet instant il n’a plus été mentionné comme faisant partie des collections en réserve, ce qui provoqua son progressif oubli. Celui-ci ne fut mentionné de nouveau qu’en 1994, lors du début du grand chantier de restauration du MHNLR, pour lequel les collections ont dûes être déménagées et stockées.

 

          Au final, ce ptérodactyle fossile va donc regagner une place de choix au sein des collections permanentes du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle, pour le plus grand plaisir des passionnés et professionnels de paléontologie. Le MHNLR peut ainsi se targuer de présenter au public l’un des rares fossiles authentiques de ptérosaure jurassique fossile, provenant du fameux gisement allemand de Solnhofen.


 

Retrouvez ci-dessous les articles liés à celui-ci :

Le Museum d'Histoire Naturelle de La Rochelle

Hommage à Alcide D'Orbigny

Hommage à Louis Benjamin Fleuriau

Hommage à Charles-Édouard Beltrémieux

 


 

Pour aller plus loin.

 

- Un article au format "PDF" intitulé "Solnhofen, le lagerstätte fossile bavarois" : Cliquez ici

 

- Un tour d'horizons des gisements à calcaires lithographiques allemands par la SAGA : Cliquez ici

 

- Un article portant sur le Tithonien du gisement de Solnhofen : Cliquez ici

 

- L'article de Wikipedia portant sur le calcaire de Solnhofen : Cliquez ici

 

- Un court article web sur F.Pisani sur la page de Geowiki : Cliquez ici

 

- Un article bien documenté sur la vie et l'oeuvre de F.Pisani sur Wikipedia : Cliquez ici


 

Bibliographie.

 

- Commandez l’article de Vullo R., Heil J-F. et Durand M., intitulé « On an 19th Century Pterodactylus (Pterosauria) specimen held in the Natural History Museum of La Rochelle, France » : Cliquez ici

 

- Barrett P.M., Butler R.J., Edwards N.P. & Milner A.R., - “Pterosaur distribution in time and space: an atlas.”  Zitteliana, Mün-chen, vol. B28, p. 61-107 ; 2008.

 

- Marshall Faux C. and Padian K., “The opisthotonic posture of vertebrate skeletons: postmortem contraction or death throes?”, Paleobiology, v. 33, p. 201-226 ; May 2007.

 

- UNWIN D.M., "On the phylogeny and evolutionary history of pterosaurs”, Geological Society, London, Special Publications, vol. 217, p. 139-190 ; 2003.

 

- Wellnhofer P., "The illustrated encyclopedia of Pterosaures. Salamander books, London, 192p. ; 1991.

 

_____________________________ 

*Note : « la posture opisthotonique est le résultat des derniers moments de “l'agonie” d’un organisme précédant sa mort. La littérature clinique a reconnu depuis longtemps que des individus manifestant cette posture ont péri par diverses causes dont : l'asphyxie, un manque de nourriture ou de nutriments essentiels, des toxines environnementales ou les infections virales. Accepter les causes réelles de la posture opisthotonique comme perimortem et non pas post-mortem permet de mieux comprendre les causes de la mort des spécimens fossilisés et force également la révision de l'interprétation des conditions paléoenvironnementales de nombreux gisements fossiles. » Kevin Padian et Cynthia Marshall Faux.

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 09:54

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Carentonosaurus mineaui

gen. et sp. nov

du Cénomanien du sud-ouest de la France

 

______________________

 

 

 

Introduction : poursuivant notre inventaire des découvertes paléontologiques faites dans notre région, nous rapportons ici celle de Carentonosaurus mineaui, une nouvelle espèce de squamate varanoïde fossile de la famille des Aigialosauridae dont de nombreux restes ont été découverts au sein des couches argilo-sableuses du Cénomanien de l'île Madame en Charente-Maritime. Celle-ci vient compléter notre connaissance du Cénomanien moyen et supérieur local, pour lequel un riche matériel fossile d’origine marine et continentale était déjà recensé par les auteurs anciens. 

 


Mots-clés : Crétacé, Cénomanien, pachyostose, squamate varanoïde.

 

 

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Le Cénomanien de l’île Madame.

 

Bref historique.


          L’île Madame ainsi que l’ensemble de la côte aunisienne aux alentours de la presqu’île de Port-des-Barques a été peu étudiée. Le premier à s’y intéresser d’un point de vue naturaliste est Alcide d’Orbigny : originaire de La Rochelle, ce grand scientifique a beaucoup fouillé le rivage charentais et il affectionnait tout particulièrement le secteur de l’île Madame où il se rendait souvent. Il récolta là bas de très nombreux fossiles dont certains ont été étudiés et figurés dans sa « Paléontologie Française, ou Description zoologique et géologique de tous les animaux, mollusques et rayonnés fossiles de France » ((1853-1855), poursuivie par G.Cotteau (1883)). A la même période la Société des sciences naturelles de la Charente-inférieure, très active durant le 19e siècle, organise de régulières excursions et notamment sur le secteur de Port-des-Barques et de l’île Madame. Les archives de cette dernière comportent donc de nombreux compte-rendus d’excursions dont certains ont été rédigés par des personnages bien connus de l’histoire locale : Beltrémieux, Collot, Duval-Laguierce… Ce secteur semble ensuite avoir été boudé par les naturalistes car ce n’est qu’au début des années 1970 que des travaux scientifiques ont de nouveau été menés sur le Cénomanien charentais : en 1972, Marguerite Corlieux propose un aperçu de la géologie de cette partie du littoral charentais et analyse son contenu paléontologique. Dans les années 80 ensuite, Pierre Moreau entreprend une étude plus précise et synthétique sur le Cénomanien de la région (qui aboutit finalement à la présentation d’une thèse en 1993). En 1989 enfin, Didier Néraudeau propose une étude portant sur la paléoécologie du Cénomanien de la région, incluant le gisement de l’île Madame (Moreau et Néraudeau, 1989).

 


Stratigraphie.  


          Le Cénomanien charentais est divisé en 7 unités stratigraphiques. Celles-ci ont été établies par Moreau dans les années 70 puis régulièrement révisées jusqu’en 1997 (Moreau (1977, 1978, 1993), Néraudeau et Moreau (1989) Néraudeau et al. (1997)).

 

Carentonosaurus-mineaui2.jpgCoupe stratigraphique du Cénomanien charentais et position stratigraphique des restes fossiles de Carentonosaurus mineaui découverts dans l'île Madame.

(From : Rage JC., Néraudeau D., A new pachyostotic squamate reptile from the Cenomanian of France, 2004).

 

 

Légende : A et la base de l’unité B correspondent au passage Albien-Cénomanien ; B correspond au Cénomanien inférieur ; C correspond au Cénomanien moyen ; D, E, F, et G correspondent au Cénomanien supérieur.

 

- A, ensemble sablo-argileux lignitifère (absent sur l’île Madame) ;

- B1, alternance de calcaires bioclastiques et de calcaires plus fins (absent de l’île Madame) ;

- B2, argiles bleues feuilletées à la base de la sous-unité puis sables glauconieux et retour des argiles feuilletées au sommet de la sous-unité (première sous-unité visible sur l'île madame) ;

- B3, (les dépôts deviennent beaucoup plus carbonatés) alternance de calcaires et de bancs argileux ;

- C1, barre carbonatée avec calcaires à rudistes (Ichthyosarcolites, sphaerulites) et passées marneuses riches en Ostrea ;

- C2, ensemble marneux avec abondance de terebratules et d'huîtres et calcaires gris marqués par une plus forte influence récifale.

- C3, riche en rudistes et autres organismes bio-constructeurs (restes de constructions récifales) ;   

- C4 puis D, sables argileux fins se transformant en calcaires vers le sommet ;

- E, transgression cénomano-turonienne avec calcaires sableux puis marneux à huîtres ;

- F, calcaires à rudistes puis passage à des calcaires marneux blancs riches en huîtres ;

- G, calcaires marneux riches en exogyres puis calcaires crayeux et argileux vers le sommet de la sous-unité (absent de l’île madame).

 


Découverte et description de Carentonosaurus* mineaui* gen. et sp. nov.


Reptilia, Laurenti, 1768

Squamata, Oppel, 1811

Varanoïdea, Gray, 1827

Pythonomorpha, Cope, 1869

(Retrouvez une fiche d'identification de l'espèce ici : Paleobiology Database).

 

« *Carentonaosaurus » : nom de genre créé en référence au fleuve Charente.

« *mineaui » : nom d’espèce créé en hommage à la famille Mineau, exploitants salicoles et famille vivant sur l’île Madame.


          Les restes de ce varan aquatique de la famille des Aigialosauridae (Lee, 1997) ont été découverts par plusieurs personnes (paléontologues et collectionneurs privés) dans le Cénomanien de l’île au cours des années 90 (d’autres restes de cet animal ayant également été découverts en Charente et dans le département de la Sarthe). Il s’agit de restes squelettiques éparses : de nombreuses vertèbres (49),  une côte, et un  fragment de ceinture pectorale. Ils ont été extraits de niveaux marno-sableux appartenant à la base du Cénomanien supérieur (Unités C4ms et Dm) et au dernier niveau du Cénomanien moyen (C3C). La faune et la flore associée se composent de nombreux tests d’échinides, de coquilles, de céphalopodes (Nautilus triangularis, Thomelites cf lattense, Pseudo-Calycoceras  sp.), de  fragments de végétaux (Frenelopsis, Araucarioxylon), suggérant un milieu de dépôt relativement agité et proche des littoraux. On suppose donc fortement qu’il s’agisse d’un animal aquatique.

 

NRAUDE-1.JPGReconstitution de Carentonosaurus mineaui, squamate varanoïde du Cénomanien supérieur du sud-ouest de la France.

Réalisation : D.Néraudeau.


          L’analyse de ces restes et en particulier des vertèbres, a révélé des particularités anatomiques singulières chez cet animal : ces dernières possèdent en effet des particularités à la fois caractéristiques de la famille des lézards et de celle des serpents. Les vertèbres découvertes provenant de différentes parties du squelette (dorsales, cervicales, sacrales et caudales) présentent de grandes différences dans leur densité osseuse : les scientifiques ont découvert que les vertèbres dorsales de cet animal étaient fortement pachyostotiques (forte densité osseuse) à l’inverse des vertèbres cervicales, caudales et sacrales dites non-pachyostotiques – une singularité anatomique qui n’avait pas encore été reconnue chez les squamates. Cette pachyostose, qui ne doit pas être entendue dans un sens pathologique et qui ne touche donc que certaines parties du squelette de ce lézard marin, reste pour le moment une énigme. D’après Nopcsa (1923) ce phénomène touche exclusivement les animaux qui se sont réadaptés à un mode de vie aquatique. Dans le cas de Carentonosaurus mineaui, le caractère incomplet de la pachyostose serait une preuve de son imparfaite adaptation à la vie aquatique. Il s’agirait en somme d’une forme évolutive intermédiaire. Pour de Buffrénil enfin (1990), la pachyostose pourrait avoir eu un rôle important au niveau fonctionnel, permettant la vie de l'animal sous l'eau, en agissant par exemple comme des ballasts. 

 

Carentonosaurus-mineaui.jpgVertèbre de Carentonosaurus mineaui. Coll. R.Houssineau.

Cliquez sur l'image pour découvrir d'autres restes fossiles de cet animal.


          Les scientifiques ayant analysé ces restes (JC Rage & D.Néraudeau) ont tenté une hypothétique reconstitution de cet animal, basée sur d’autres restes d’individus de la même famille. Un schéma réalisé par D.Néraudeau vous est proposé plus haut. L’allure générale rappelle celle d’un varan actuel : sa longueur maximale est estimée à un peu plus de 70 centimètres de long et il devait posséder des pattes palmées ainsi qu’une longue queue, faisant de cet animal un bon nageur. Sa cage toracique était relativement comprimée (comme c'est encore le cas aujourd'hui pour beaucoup de lézards aquatiques). Son crâne devait être petit et de forme allongée et ses mâchoires munies de dents pointues. L’animal devait vivre près du littoral, au sein d’environnements chauds et peu profonds, à proximité de côtes rocheuses, où il chassait sa nourriture.

 

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Éléments paléo-environnementaux. 

 

          Le Crétacé inférieur dans le nord du Bassin Aquitain est marqué par le retour du milieu marin après une longue période d’émersion durant la fin du Jurassique supérieur. A partir de l’Albien basal une transgression ennoie le territoire des Charentes et crée de vastes zones lagunaires de haut-fond et des zones estuariennes, influencées par la proximité d’apports continentaux – conditions environnementales qui vont perdurer pendant le Cénomanien (Moreau, 1993 ; Néraudeau et al., 1997 ; Néraudeau et al., 2002). La région est alors marquée par une grande phase de réchauffement global avec une température moyenne mondiale supérieure de 5 à 6 degrés à la moyenne actuelle. Jusqu’au milieu du Cénomanien supérieur, les Charentes constituent alors un vaste territoire parsemé d’archipels et de lagons, baignés par des eaux chaudes et peu profondes. Ces conditions environnementales vont perdurer jusqu’à la fin du Cénomanien supérieur, qui connait alors une vaste transgression marine (conséquence de la fonte progressive des glaces polaires) conduisant à une immersion totale de la région et à la création d’environnements profonds éloignés des littoraux.

 

          Les différentes unités reconnues dans les niveaux géologiques de l’île Madame mettent en évidence ces évolutions de l’environnement : la série débute par des faciès estuariens et fluviatiles (Unité A et partie inférieure de l’unité B) puis passe rapidement à des milieux à caractère plus marin, proches de littoraux et influencés par le balancement des marées (hydrodynamisme fort). A partir de la sous-unité C3 le climat devient plus tropical avec des eaux peu profondes et la généralisation de constructions récifales entrainant la création de bassins internes type lagons, influencés par des décharges continentales importantes (depuis la sous-unité C3 et jusqu’à l’unité D). Les dépôts de cette période ont livré une riche faune fossile : de nombreux tests d’échinides aux espèces variées (parfois de grande taille), des rudistes, des céphalopodes et des coquilles de mollusques sans oublier des restes de vertébrés tels que ceux de Carentonosaurus mineaui.

 

          La fin de la série est finalement marquée par un nouvel épisode transgressif (sous-unités E, F et G) faisant disparaître les habitats récifaux dans la région. L’environnement marin est alors plus profond (une dizaine de mètres), (infralittoral) et plus calme. La transgression connaît son maximum pendant l’unité G dont les dépôts circalittoraux mettent en évidence un grand approfondissement du milieu (une centaine de mètres de profondeur).

 

 

Pour aller plus loin.

 

- Une fiche d'identification de Carentonosaurus mineaui sur le site web "Fossilesdes2Charentes" (par Romain et Renaud) : Cliquez ici

 

- Des photographies de restes fossiles appartenant à Carentonosaurus mineaui, sur le site web "les Mondes disparus", par Romain : Cliquez ici

 

 

Références bibliographiques. 

 

- Vullo R., Les vertébrés du Crétacé Supérieur des Charentes (Sud-Ouest de la France) : biodiversité, taphonomie, paléoécologie et paléobiogéographie), 2005. 

 

- Rage JC., Néraudeau D., A new pachyostotic squamate reptile from the Cenomanian of France, 2004.

 

- Houssaye A., de Buffrénil V., Rage JC., Bardet N., An analysis of vertebral “pachyostosis” in Carentonosaurus mineaui (Mosasauroidea, Squamata), from the Cenomanian (Early Cretaceous of France, with comments on its phylogenetic and functional  significance, Journal of Vertebrate Paleontology 28(3):685–691, September 2008.

 

- Notice géologique n°658 (Rochefort, 17) de la carte géologique de la France au 1/50 000; BRGM.

 

- Vullo R., Rage JC., and Néraudeau D., Anuran and squamate remains from the Cenomanian (Late Cretaceous) of Charentes, western France ; Journal of Vertebrate Paleontology, 2011.

 

 

 

 

 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 09:49

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La cave aux coquillages : une mise en valeur remarquable

du

Patrimoine géologique

du

Lutétien moyen de Fleury-la-Rivière

  (Première partie)

  ______________________

 

 

Sans-titre-3-copie-2.jpg

 

Retrouvez un album photos de ce musée en page 4 de cet article :

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Introduction :

 

          Il y a quelques temps maintenant, nous sommes partis à la découverte du Lutétien moyen de Fleury-la-Rivière, dans le département de la Marne. Accueillis par Patrice Legrand-Latour, nous avons pu visiter sa galerie-musée permettant un étonnant plongeon dans le milieu marin de cette période. Le présent article se propose donc de vous faire profiter de notre escapade champenoise et de découvrir le riche patrimoine paléontologique de cette région, constitué de très nombreux restes d’invertébrés et de vertébrés fossiles remarquablement bien conservés.


          Notre article a pour but d’apporter un regard synthétique sur cette période géologique fascinante : après un rapide survol des études paléontologiques réalisées sur le Lutétien du Bassin parisien, nous détaillons l’ensemble stratigraphique du Lutétien moyen de Damery. Puis, nous exposons quelques caractéristiques paléogéographiques et paléoenvironnementales relatives à ces niveaux. Enfin, nous proposons un tableau exhaustif des principaux taxons de mollusques recensés dans cette série sédimentaire.

 

 

Historique des travaux sur le Lutétien :  

 

          Les séries sédimentaires du Tertiaire du bassin parisien sont connues de longue date : celles-ci ont été décrites dès le XIXe siècle par les premiers chercheurs-naturalistes tels que G. Cuvier, J-B. Lamarck ou A. de Lapparent. C’est d’ailleurs en étudiant le sous-sol du Bassin de Paris que ces auteurs ont posé les bases de la stratigraphie et de la paléontologie. De nombreux stratotypes y ont donc été décrits, parmi lesquels le Cuisien, l’Auversien, le Marinésien ou encore le Ludien par exemple. En tout, ce sont dix stratotypes et parastratotypes qui ont été décrits pour le Paléogène du Bassin parisien. On doit la description de l’étage Lutétien (-48,5 à -40,5 Ma), (de « Lutetia », nom de Paris à l’époque romaine) à A. de Lapparent en 1883 dans la première édition de son "Traité de Géologie" (qu’il précisera plus tard en 1893).

 

albert.jpgAlbert de Lapparent (1839 - 1908)

 

          Toutefois ce dernier n’a jamais pu définir de coupe type, l’étage ne décrivant pas un ensemble stratigraphique homogène dans tout le bassin parisien. C’est à A. Blondeau, au siècle suivant (1962 - 1964) que l’on doit finalement l’établissement de deux néostratotypes pour cet étage géologique : à Saint-Leu d’Esserent pour la base du stratotype, et dans la carrière de Saint-Vaast-les-Mello pour sa partie supérieure. Mais le calcaire lutétien semble avoir été connu bien avant le XIXe siècle : déjà au XVIe siècle (1580), Palissy mentionnait l’existence de carrières ouvertes dans le calcaire gréseux des communes de Damery et Venteuil notamment et dont l’origine remonterait probablement à l’époque Gallo-romaine.

 

          Mais c’est au XVIIIe siècle surtout avec les premiers travaux scientifiques sur le sous-sol du Bassin de Paris, que ce niveau géologique est décrit pour la première fois : le Lutétien, dénommé alors « calcaire grossier », est décrit par Jean-Etienne Guettard en 1762 dans son étude intitulée "Description minéralogique des environs de Paris".  

 

          Depuis cette date, de très nombreux naturalistes et géologues n’ont cessé d’étudier ce niveau et son remarquable contenu fossilifère : parmi les plus célèbres nous citerons G. Cuvier, A. Brongniart, J.B. Lamarck,  d'Archiac, Ch. d'Orbigny, A. d'Orbigny, P. Combes, A. Dollot, H. Douvillé, G.F. Dollfus, M. Cossmann, Pissaro, A. de Lapparent, R. Abrard ...  

 

          Encore aujourd’hui, le Lutétien continue d’intéresser les chercheurs et paléontologues français : il convient de citer les études de R. Soyer (1943), A. Blondeau (1962 - 1964), Cavelier et Pomerol (1983 – 1986), Aubry (1983 – 1985), ou encore J.P. Gély (1996) (à qui l’on doit l’établissement d’un log synthétique rigoureux de l’ensemble stratigraphique des formations lutétiennes du Bassin parisien) au XXe siècle, mais aussi plus proche de nous, celles de Merle en 1999 et 2008 ou de Huyghe en 2010. 

 


Retrouvez un album photos de ce musée en page 4 de cet article :

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La galerie-musée de Fleury-la-Rivière :

 

          C’est dans le petit village de Fleury-la-Rivière (Marne, 51), connu de longue date des paléontologues et collectionneurs de fossiles pour sa riche malacofaune d’origine marine, que Monsieur Patrice Legrand, viticulteur à Vandières (51) et passionné de paléontologie locale depuis son enfance, décide il y a plusieurs années maintenant, de lancer un projet d’envergure de mise en valeur de ce patrimoine géologique d’exception.

 

cave.jpgQuelques photos des aménagements réalisés dans ces galeries.


          Tout commence il y a un peu plus de dix ans lorsque Patrice apprend la vente d’une ancienne ferme champenoise dotée d’une cave, rue du bourg de Vesle à Fleury-la-Rivière. Avec l’aide d’un ami, il décide de faire l’acquisition de cette propriété ainsi que de celle d’à côté, elle aussi dotée d’une cave, afin de mettre en place des chambres d’hôtes et un projet de circuit sous-terrain proposant une immersion dans le Lutétien moyen de la région. L’idée est simple : rejoindre ces deux caves, creusées dans le « tuffeau de Damery », par un réseau de couloirs permettant de montrer au grand public la richesse et la nature des fossiles que recèle le sous-sol de la commune. Après avoir soumis son projet aux autorités locales, Patrice a donc entrepris un travail colossal, l’amenant à creuser à la main plus de 200 mètres de galeries.

 

Sans-titre-18.jpgQuelques photos des aménagements réalisés dans ces galeries.


          Le résultat est impressionnant : après avoir pénétré dans ce qu’était au départ une cave, par l’intermédiaire d’une immense porte, on se retrouve à l’entrée d’une galerie voûtée creusée à même le tuffeau. Après un bref rappel des différentes ères géologiques retraçant l’histoire de la Terre, Patrice nous emmène au fil des galeries dans la découverte des différents niveaux géologiques du Lutétien moyen. Le regard est d’emblée attiré par les parois de ces galeries, desquelles d’innombrables coquilles fossiles affleurent ! Les plus remarquables sont bien entendu les Campaniles giganteum, dont les deux principaux niveaux ont régulièrement été mis à nu par Patrice. Par endroit, on peut ainsi observer une concentration étonnante de nombreux spécimens juxtaposés couchés à l’horizontal. Dans un but pédagogique, Patrice a également mis en place à différents points du parcours de visite, des dioramas reconstituant le paléoenvironnement supposé de l’époque.

 

Sans-titre-19.jpgDioramas reconstituant les fonds marins supposés à cette période.

 

          Après avoir établi le lien entre la géologie locale et la culture de la vigne, la visite se termine dans une grande salle dédiée au dégagement et à l’étude des différents fossiles découverts dans ces galeries. La salle comporte aussi plusieurs vitrines murales richement garnies de cette malacofaune lutétienne. Dans l’avenir, Patrice souhaite réaliser un musée plus complet sur le Lutétien en acquérant de nombreux autres échantillons fossiles provenant de cet étage.


 

Coordonnées du musée :

localisation.jpgChez Anne, Patrice et Thibault Legrand

39 rue du bourg de Vesle

51480 Fleury-la-Rivière

Tél : 03.26.58.36.43

Site web : Cliquez ici

 


 

Seconde partie de l'article page suivante : Cliquez ici 

 

 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 09:48

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La cave aux coquillages : une mise en valeur remarquable

du

Patrimoine géologique

du

Lutétien moyen de Fleury-la-Rivière

  (deuxième partie)

  ______________________

 

 

Contexte stratigraphique :

 

La série lutétienne de Fleury-la-Rivière.

 

L’ensemble argilo-sableux observable dans la « galerie-musée » de la propriété de Patrice Legrand couvre les unités séquentielles A6, A7 et la partie basale de A8, définies par Gély en 1996. Celles-ci correspondent au Lutétien moyen et peuvent être subdivisées en 6 unités sédimentaires individualisables par leur lithologie. Cette séquence sédimentaire repose en discordance sur un ensemble de sables fauves à verdâtres peu consolidés, à boules gréseuses et parfois ferrugineux à son sommet, daté du Cuisien (Yprésien supérieur).

 

lutetien.jpgDécoupage séquentiel des séries lutétiennes dans le bassin de Paris, positionnement stratigraphique de la coupe de Fleury-la-Rivière et détail de la coupe stratigraphique de cette même localité. (modifié d’après Gély, 1996)

 

Unité 1 – 0.25 à 0.4 m : elle se compose de sables grossiers contenant de nombreux débris de coquilles, bois, huîtres et de rares restes de vertébrés marins. La fin de cette unité se caractérise par une alternance de bancs gréseux durs et tendres au sein desquels on trouve de minces bancs coquillés composés essentiellement de cardites, de crassatelles et à son sommet d’Echinolampas calvimontana.

 

Unité 2 – 1.5 m : elle se compose de sables fins consolidés de couleur jaune clair à blanc. Cet ensemble livre de nombreuses coquilles (gastéropodes et bivalves) remarquablement bien conservées. Le niveau sommital constitue le premier banc à Campanile giganteum.

 

Unité 3 – 0.5 m : elle se compose d’un mince banc argilo-sableux de couleur sombre à foraminifères. La malacofaune y est abondante et toujours aussi diversifiée.

 

Unité 4 – 0.2 à 0.4 m : elle se compose d’un mince banc argilo-sableux bien consolidé. La malacofaune y est véritablement abondante (leur conservation est toutefois moindre). Cette unité constitue le second banc à Campanile giganteum, que l’on trouve ici en grand nombre.

 

Unité 5 – 0.3 à 0.5 m : elle se compose de 2 niveaux très minces.

          5a : ensemble sablo-argileux hétérogène consolidé.

          5b : ensemble sablo-argileux hétérogène peu consolidé.

 

Unité 6 – 0.5 m : elle se compose de sable argileux sombre à stratification hétérogène. Cette fine couche est également très fossilifère.

 

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Eléments paleoenvironnementaux et paléogégographiques dans le bassin parisien.

(du Thanétien au Lutétien supérieur).

 

          Lors de la régression fini-crétacée, le Bassin parisien connait une longue période d’émersion qui s’étend jusqu’au Paléocène inférieur : le bassin parisien n’avait plus subi de telle régression depuis la fin du Jurassique supérieur. Ce n’est qu’au Danien (-66 M. années) que le milieu marin accuse de nouvelles incursions sur le nord de l’Europe : revenant par la Manche, les transgressions marines provoquent de timides avancées sur l’extrême nord de la France, jusqu’aux environs de Paris. Le Bassin parisien constitue alors un immense golfe de la mer du Nord. Le milieu marin se réinstalle véritablement dans le Bassin parisien au Thanétien (-60 M. d’années) : à partir de cette époque, les analyses paléoenvironnementales ont mis en évidence cinq grands cycles sédimentaires ayant marqué le bassin de Paris durant le Paléogène (Pomerol, 1973). Nous détaillons ci-dessous les trois premiers, couvrant l’intervalle Thanétien moyenLutétien supérieur, intéressant plus particulièrement notre propos.

 

carte franceCarte paléogéographique de la France au Lutétien moyen

(Huyghe 2010, modifié d’après Gély, 2008)

 

Retrouvez ci-après une carte du monde au Lutétien : Cliquez ici

 

1er cycle sédimentaire : Au début du Paléocène la mer dano-montienne envahit le bassin formant un golfe relié à l’Atlantique Nord par la Manche occidentale. Le climat est alors de type tropical : le milieu marin est donc caractérisé par des eaux chaudes et des constructions récifales, typiques de ces environnements. Ce premier épisode sédimentaire se termine par une régression au Thanétien terminal (- 56 M. d’années) mise en évidence par des dépôts marneux continentaux très fossilifères dénommés « marnes de Meudon ».

 

2ème cycle sédimentaire : A l’Yprésien (-55 M. d’années) ensuite, le retour progressif du milieu marin dans le bassin va mener à la création d’une mer ouverte sur le Nord et le Nord-Ouest. Ce second cycle sédimentaire peut être découpé en deux séquences distinctes : durant le Sparnacien d’abord, l’environnement marin décrit des milieux lagunaires. La ligne de rivage se trouve alors juste au sud de Paris. Ensuite, durant le Cuisien (- 50 M. d’années), la transgression se poursuit et le bassin connait alors un véritable épisode marin avec un eustatisme fort avant le retour d’une phase régressive au Cuisien terminal.

 

3ème cycle sédimentaire : Au Lutétien inférieur (- 48 M. d’années) la mer envahit une nouvelle fois le bassin parisien depuis la Mer du Nord. L’avancée marine se fait alors de façon très progressive (on observe un décalage stratigraphique d’environs 3 M. d’années entre le nord et le sud de la formation, (Bonhomme et al., 1968)). Le maximum transgressif de ce cycle est donc atteint quelques millions d’années plus tard : le niveau à Nummulites laevigatus (= niveau de la « pierre à liards ») constitue le point d’inversion de ce cycle et représente le maximum d’inondation atteint dans le Bassin parisien pendant le Lutétien. Cette période se caractérise par une mer agitée d’une cinquantaine de mètres de profondeur, bien oxygénée et dont la température devait être comprise entre 20 et 25 °C.

 

lutétien paleoCarte paléogéographique du bassin de Paris au Lutétien moyen

(Huyghe 2010)


          Le Lutétien moyen s’ouvre donc quant à lui sur un épisode régressif : la base du niveau décrit des milieux de vie agités et peu profonds (30 mètres de profondeur maximum) mais ces conditions vont régulièrement changer. En effet, le Lutétien moyen se caractérise avant tout par l’instabilité de l’environnement marin : Huyghe (2010) a récemment mis en évidence la succession de nombreuses variations eustatiques et environnementales au sein de ce niveau. Ainsi, la nature de la sédimentation dans la formation de Damery (Lutétien moyen) décrit tantôt des environnements proximaux, tantôt des environnements marins francs plus profonds. Il est donc possible de déterminer, pour chaque unité observable dans le sous-sol de Fleury-la-Rivière, les conditions environnementales du milieu marin :

   

- unité 1 : milieu très proximal et agité.

- unité 2 : milieu marin franc relativement calme (50 mètres de profondeur), hors d’atteinte de la zone de balancement des marées.

- unités 3 et 4 : milieu marin agité à très agité, de profondeur moyenne (20 mètres environ), hors d’atteinte de la zone de balancement des marées.

- unités 5 et 6 : milieu marin calme et peu profond.

 

          Malgré ces fréquentes variations, la mer du Lutétien moyen conserve des caractères environnementaux stables : Huyghe ne relève pas de changements importants de la salinité de l’eau qui reste proche des 35%,  ni de la température, estimée en moyenne à 20 / 25°C tout au long du Lutétien moyen (Merle et Courville, 2008 ; Huyghe, 2010). Ces conditions sub-tropicales ont vraisemblablement permis le développement sur les hauts-fonds du bassin et les zones estuariennes et lagunaires côtières, de très nombreux animaux benthiques et épibenthiques (Merle, 2008), parmi lesquels l’impressionnant Campanile giganteum, le plus grand gastéropode fossile connu.

 

          A la fin du Lutétien moyen et au début du Lutétien supérieur (- 42 M. d’années) enfin, un changement important s’opère : les incursions marines ne se font plus par la mer du Nord mais par l’Océan Atlantique Nord entrainant de grands changements environnementaux. Cette modification majeure des entrées marines est la conséquence directe du soulèvement des anticlinaux du Pays de Bray et surtout du Dôme de l’Artois, eux-mêmes provoqués par l’orogénèse alpine (Pomerol, 1973 ; Cavelier et Pomerol, 1979). Les dépôts sédimentaires témoignent d’une régression de plus en plus prononcée produisant des milieux de vie de plus en plus lagunaires (entre 20 et 10 mètres de profondeur) avec un hydrodynamisme de plus en plus faible. Le climat subtropical qui règne alors sur cette partie du Bassin parisien occasionne, à partir du Lutétien supérieur, de fortes précipitations, induisant de possibles phases de dessalure provisoire du milieu marin près des littoraux pendant la saison des pluies. Le retour d’une phase transgressive ne se fera ensuite qu’à partir de la fin du Lutétien supérieur (-41 M. d’années), attestée par la formation du falun de Foulangues.

 

 

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26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 09:47

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La cave aux coquillages : une mise en valeur remarquable

du

Patrimoine géologique

du

Lutétien moyen de Fleury-la-Rivière

  (troisième partie)

  ______________________

 

 

 

Éléments taphonomiques et paléoécologiques :

 

          Les conditions environnementales très changeantes dans le milieu marin au Lutétien moyen n’ont pas empêché l’établissement et la grande diversification des organismes, en particulier en ce qui concerne les mollusques. De façon générale le Lutétien représente une période favorable au développement de la vie sous-marine : les nombreuses études portant sur cette formation ont permis de recenser plus de 3000 espèces différentes d’organismes marins parmi lesquels de très nombreux mollusques (près de 2000 taxons), des vertébrés (raies, requins, poissons), mais aussi des échinodermes, des éponges, des coraux, des céphalopodes….. Témoins d’écosystèmes foisonnants. Par leur richesse, les écosystèmes littoraux lutétiens sont aujourd’hui considérés comme les plus riches de tout le Tertiaire.  

 

Sans-titre-12.jpgQuelques gastéropodes du Lutétien moyen de Fleury-la-Rivière

 

          Comme nous venons de le voir, le Lutétien moyen se caractérise par de fréquents changements du milieu marin : variations eustatiques, hydrodynamisme... Le climat en revanche semble avoir conservé un caractère subtropical relativement constant permettant une biodiversité importante pendant cette période : on recense en particulier une importante malacofaune très diversifiée et parfois de grande taille partageant des affinités avec les faunes marines de l’actuelle mer Méditerranée et de l’indo-pacifique. Les 6 unités sédimentaires présentes dans le sous-sol de Fleury-la-Rivière recèlent une biodiversité exceptionnelle de mollusques plus riches en individus qu’en espèces. Il s’agit vraisemblablement de concentrations formées par les courants marins. Si l'on en croit les dernières études scientifiques, celles-ci se seraient mises en place progressivement pendant un laps de temps relativement important, (Huyghe suppose  une forte compaction de ces niveaux). Ces dépôts de tempêtes sont particulièrrement observables au sein des unités 3 et 4 où les coquilles de mollusques se retrouvent couchées et bien alignées au sein des différents bancs, laissant supposer la présence de forts courants marins unidirectionnels.

 


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2008-12_coquillages-dl_491.jpgReconstiturion d'un Campanile giganteum

 

          Les coquilles de Campaniles giganteum par exemple (fossiles emblématiques de ces unités) sont généralement découverts couchés à l’horizontal, l’apex orienté vers l’est. Pour la plupart, ces coquilles ont été charriées par des courants de tempêtes, puis enfouies plus ou moins profond par le déplacement de bancs de sables consécutifs à de forts courants sur le fond marin. Précisons en outre qu’un certain nombre de coquilles présente des usures prononcées, voire des cassures et des trous. Il est intéressant de noter que dans la majeure partie des cas, les coquilles endommagées ne présentent pas de cassures fraiches. Huyghe (2010) suppose  que celles-ci ont subi de forts transports (effets du roulis des vagues et des courants marins littoraux) sur un fond bénéficiant de faibles apports sédimentaires, rendant l’enfouissement des organismes difficile. La plupart des restes fossiles contenus dans ces unités a donc été enfouie en dehors de leur biotope originel.

 

P1210701.JPGVitrines d'expositions permettant de voir les différentes espèces de mollusques recensées dans le sous-sol de Fleury-la-Rivière.

 

          De plus, l’encroutement important de certains Campaniles, colonisés par différents organismes nectobenthiques (éponges, coraux…),  laisse supposer une longue période d’affleurement de ces coquilles sur le fond marin. Ajoutons enfin la présence au sein de ces dépôts, d’un certain nombre de restes fossiles étrangers au domaine littoral : c’est le cas des coquilles de nautiles ou des nombreux restes de vertébrés marins, habituellement localisés dans la zone bathyale. Ces restes fossiles semblent appuyer l’existence d’un hydrodynamisme important durant cette période.

 

P1210726.JPGCampanile giganteum (Coll. P.Legrand)

 

 

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          Néanmoins, la plupart des fossiles retrouvés dans le Lutétien moyen sont généralement très bien conservés. Le nombre de coquilles roulées ou cassées reste faible proportionnellement au nombre d’individus que renferment ces couches. La conservation est même dans certains cas très remarquable : de nombreuses coquilles semblent avoir conservé leurs ornementations originelles. Cette exceptionnelle conservation peut s’expliquer par la très faible diagenèse que ces dépôts ont subi depuis l’Ère Tertiaire, ceux-ci ayant été faiblement enfouis.

 

 

 

Retrouvez ci-dessous une liste exhaustive des coquilles fossiles recensées dans le Lutétien moyen de Damery.

(Cliquez sur une image pour l'agrandir)

 

Sans-titre-15.jpg Sans-titre-16.jpg  Sans-titre-17.jpg 

 

 

Pour aller plus loin.

 

Retrouvez ci-après le blog de la "cave aux coquillages" : Cliquez ici

 

Retrouver ci-après la thèse de doctorat de Damien Huyghe (2010) : Cliquez ici

 

Retrouvez ci-après, un article intitulé "La Lutétien de Fleury-le-Rivière et ses campaniles" : Cliquez ici


Retrouvez ci-après, un reportage télévisé réalisé par France 3 sur la "cave aux coquillages" :


Sans-titre-2-copie-1.jpg

 

Retrouvez ci-après, un reportage télévisé réalisé par France 3 et le BRGM portant sur la "cave aux coquillages" :


Sans-titre-1.jpg

 

Retrouvez ci-après un reportage sur le Lutétien de l'Oise, réalisé par la SAGA : Cliquez ici

 

 

Retrouvez ci-après un article "pdf" intitulé "Le Lutétien, une période charnière de l'histoire du Bassin parisien" : Cliquez ici

 

 

Références bibliographiques :


Abrard R. (1926), Le Lutétien du Bassin de Paris, Société Française d'Imprimerie, Angers, 397 p.

 

Abrard R. (1950), Histoire géologique du Bassin de Paris,  Ed. du Muséum, Paris, 103 p.

 

Abrard R. (1950), Géologie régionale du Bassin de Paris, Paris Payot édit, 397 p.

 

Blanc  A. & Gély J.-P., Le Lutétien supérieur des anciennes carrières de Paris et de sa banlieue : essai de corrélations lithostratigraphiques et application à l'archéologie. In : Pierres et carrières, AGBP & AEDEH éds., p. 175 à 181 ; 1997.

 

Blanc A., Gély J.-P. & Viré M., Le calcaire lutétien, ses carrières, son utilisation dans les monuments. In : Le Lutétien, la pierre de Paris. Catal. d’expo. MNHN éd., 52 p., 2000.

 

Blomme B., Campanile giganteum (Lamarck 1804) à Fleury-la-Rivière (Lutétien du Bassin parisien, France). Aspects paléo-écologiques, taphonomiques, historiques, Mem. D.S.E.R, univ. Lille 1, 2007.

 

BLondeau A. (1965), Le Lutétien des Bassins de Paris, de Belgique et du Hampshire, Thèse, Paris, 467 p.

 

Blondeau A., Cavelier C., Labourguigne J., Megnien C. ET Mégnien F. (1980), Eocène moyen, in Synthèse géologique du Bassin de Paris, Mem. BRGM n° 103, p 367 à 377

 

Blondeau A., L’étage Lutétien, Les étages français et leurs stratotypes, Cavelier C. & Roger J. éd., Mém. Du BRGM, n° 109, Paris, 215 p., 1980.

 

Fritel P.H. (1910), Guide géologique et paléontologique de la région parisienne dans un rayon de 100 km, Les Fils d'Emile Deyrolle, Paris, 359 p.

 

Frohlich F. et Schubnel H.-J. (2000), Le Lutétien ; la Pierre de Paris. Pub. MNHN, Paris, 52 p.

 

Furon R. et Soyer R. (1947), Catalogue des fossiles tertiaires du  Bassin de Paris, Ed. Paul Lechevalier, Paris 240 p.

 

Gély J-P, Le Lutétien : une période charnière de l’histoire du Bassin parisien, Saga Information – N° 284 – Février 2009

 

Gély J.P., Le Lutétien du Bassin Parisien : de l'analyse séquentielle haute résolution à la reconstitution paléogéographique, Bull. Inf. Géol. Bass. Paris vol 34, n¡ 2, p. 3-27 ; 1996.

 

Gérards E., Paris souterrain. Garnier Frères éd., DMI Édition (rééd. 1991), 667 p., 1908.

 

Guini-Sklar A., Viré M., Lorenz J., Gély J.-P. & Blanc A., Paris souterrain. Les carrières souterraines. Nord Patrimoine éd., 200 p., 2000.

 

Huyghes D., Changements climatiques globaux et forçage tectonique au Paléogène : Exemples du bassin de Paris et des Pyrénées, Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 2010.

 

Lapparent (de) A., Traité de géologie, F. Savy édit, Paris, 1280 p., 1883 et 1893.

 

Lemoine P., Géologie du Bassin de Paris, Librairie Scientifique A. Hermann &fils, Paris, 408 p., 1911.

 

Lemoine P., Résultats géologiques et hydrogéologiques d'un forage au Muséum (Géologie), Bull. Mus. nat. Hist. nat., 2ème sér., t. III, n°2, p. 273-280 ; 1931.

 

Merle D., Stratotype lutétien. Muséum national d’histoire naturelle, Biotope, éd. Du BRGM, 2008.

 

Meunier S., Géologie des environs de Paris. Description des terrains et énumération des fossiles qui s'y rencontrent. Librairie  J.-B. Baillière et Fils, Paris, 1ère édition (1875), 2ème édition (1912), 540 p., 1875 et 1912.

 

Omalius d'Halloy d', Mémoire sur l'étendue du Bassin de Paris, Ann. Mines, I ; 1816.

 

Orbigny A. d', Cours élémentaire de Paléontologie et de géologie statigraphique, Masson, Paris, 3 vol., 1849-1852.

 

Pomerol C., Le bassin de Paris, in J. Debelmas (ed) Géologie de la France, Ed. Doin, Paris, vol. 1, p. 230-258, 1974.

 

Pomerol C. et Feugueur L., Bassin de Paris, coll. Guides géologiques régionaux, Masson édit., Paris, 222 p., 1986.

 

Prevost C., Documents pour l'histoire des terrains tertiaires. Paris, Hippolyte Tilliard. Essai sur la formation des terrains des environs de Paris, p. 93-126., 1827.

 

Soyer R., Géologie de Paris, Mém. Serv. Carte Géol. France, Paris, 610 p., 1953.

 

 

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